Quand il n’est pas ou plus possible d’accorder les individus sur la marche à suivre, il faut les départager par le vote. La démocratie repose donc sur un concept élémentaire. Confier le pouvoir au camp ou au parti qui obtient une voix de plus que l’autre. Ce recours à l’addition semble être le plus logique, et le plus juste car il donne un pouvoir équivalent à tous. Mais pouvoir de quoi ?

Dans la vie quotidienne, le bon sens nous a appris à confier à des gens qualifiés les tâches qu’il faut accomplir pour qu’une vie en société se déroule harmonieusement avec le moins de désagréments et d’incidents possibles. Le chauffeur du bus scolaire, l’électricien, le juge, le chirurgien, le chimiste, l’architecte ont eu à démontrer leur capacité de…

Dès que nous entrons dans le champ politique, le bon sens est mis à mal, puisque tout le monde peut se prononcer sur les options qui généreront pour tous le meilleur contexte de vie collective. En même temps, et selon la même logique la démocratie autorise tout citoyen à candidater, sans avoir à démontrer sa capabilité. La médiocrité se faufile avec aisance entre les mailles.

Cela a fonctionné durant des décennies, marquées par une différenciation binaire des programmes et des ambitions sociétales. Aujourd’hui l’éventail des options politiques ne permet plus de passer de l’ombre à la lumière. La complexité des intrications a changé les pré requis pour prétendre assumer le pouvoir.

La politique est restée dans un cycle de promesses forcément déceptives, puisque nombre des postulants abusent de leurs prétentions à faire plier les évènements et à dominer les facteurs extérieurs. Les gilets jaunes ont cru qu’il suffisait de… comme les anglais ont cru que sortir de l ‘Europe suffisait… L’ignorance, mère du simplisme, provoque la suspicion et exacerbe la pensé magique.

Le désarroi se lit dans les erreurs magistrales des prévisions des instituts de sondage aux européennes 2019. L’opinion zigzague d’une promesse à l’autre.

Si le pouvoir change d’écurie pour une voix ou 0,1 % des voix, la réalité elle ne s’en trouve pas modifiée. Il semble bien que nous touchions à la fin du simplisme décisionnel de l’addition, qui repose sur l’équivalence de jugement des voix des électeurs : ce qui est de fait un postulat faux et trompeur.

Le principe de l’addition pousse à ne s’adresser qu’à la fraction la plus crédule de l’électorat,( euphémisme courtois ) Un jour viendra donc où l’intelligence artificielle, elle, par sa capacité de simulation phénoménale, analysera la pertinence des promesses politiques et dégonflera les mystifications des bateleurs d’estrade.

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