En février 2020, J’avais presque achevé un billet sur le raz de marée prévisible des écologistes aux municipales, qu’une autre vague a soudain mouillé mon papier.

Vous connaissez le contexte Covid 19, inutile donc de le décrire en boucle comme le font les médias qui pataugent avec délectation dans la redite. Le virus nous a pris de face et à revers. Dans ce contexte tragidémique, il faut contrer trois écoles de pensée qui font d’importants dégâts elles aussi. La dangerosité des idées fausses est tout aussi réelle et grave, mais le vaccin existe lui : il faut déconstruire l’ossature de leurs affirmations. Les punitifs, les déclinistes et les étatistes sont parmi nous. C’est le bon moment de leur adresser une lettre recommandée.

Les PUNITIFS. Ils savaient que cela allait nous arriver. Il savaient que le mal était dans le fruit, et que la punition était imminente. Leur preuve est enfin arrivée : elle est là, bien là, impitoyable et tueuse. Ils ont deux causes fondamentales, prêtes à l’emploi : le péché d’un coté, et le capitalisme de l’autre. La formule est même totalement réversible. Pour les punitifs les solutions sont évidentes, ré-éduquer le pécheur et remplacer le capitalisme, ou les deux en même temps : ainsi le monde deviendra sain pour la première fois de son histoire. Si vous demandez aux punitifs de vous préciser où commence le péché et le capitalisme, son autre visage, ils vous diront dans le gain, dans le profit, donc dans la richesse. Le punitif croît à la vertu de la crainte. Peu importe que l’humanité ne sorte pas de son état naturel de pauvreté, il faut castrer la richesse. Mediapart est le chef spirituel de cette tribu, qui désigne le gibier à traquer. Autre signe de reconnaissance , le punitif affirme qu’il y a de l’intentionnalité dans tout évènement, et qu’il sait en donner l’explication. Dès que vous entendez ou lisez qu’il y a de l’intentionnalité dans la nature, ou à cause d’une divinité, vous savez que vous côtoyez un punitif. Distancez vous de plusieurs mètres. Le punitif peut avoir assez de talent rhétorique pour vous amener à conclure par vous même qe vous êtes effectivement coupable..

Les DECLINISTES. Il est en général, plus subtil et plus habile que le punitif. mais il est plus inquiet, bien plus inquiet. Le décliniste a une perméabilité naturelle pour tour ce qui cloche. Si un ratio alarmant lui passe sous le nez, il le retiendra longtemps. L’avenir du décliniste est de devenir frugaliste. La plupart des déclinistes vivent déjà dans de bonnes conditions de sécurité : ils ont un job qui les protège de la concurrencence sauvage effrénée. Ils sont installés dans la vie. Ils utilisent tous les progrès technologiques, mais pour se dédouaner, ils en sont les meilleurs pourfendeurs. ‘‘ On va dans le mur », est leur incantation favorite. A quoi bon, finalement ? Les déclinistes ont leurs cardinaux, comme Bové ou Rabhi. La fable du colibri, qu’il adorent, leur prouve qu’ils sont dans le vrai. Ils sont trop contents d’être en avance sur leur époque. Pour eux, il n’y a aucun hiatus entre la sobriété et le développement économique. Les pays en développement auraient même la chance de sauter la trop douloureuse séquence consumériste qu’ils ont subie. Le décliniste voit dans la nature l’image de la prime enfance de son grand-père : pour lui la nature ne change pas, c’est l’homme qui la contraint et la déstabilise. L’entropie, il ne veut pas trop en entendre parler : qu’est ce que c’est que ce concept à la noix ? Il est entièrement d’accord pour que la médecine la plus performante lui sauve la peau, mais pas que le TGV perturbe ses abeilles. La gravité de la pandémie va dépasser ses espérances de sobriété les plus folles, et quand le PIB mondial se sera contracté de 15 à 20 %, il ne mesurera pas l’indécence de sa situation privilégiée. Le décliniste se veut minimaliste, tout en s’assurant que le meilleur de la technologie ne soit pas trop éloigné quand même. Le décliniste sera assez prudent pour ne pas se prononcer sur la relance du  »système », qu’il trouvait détestable, au point de vouloir s’en passer.

Les ETATISTES. L’étatiste s’hydrate à la potion magique. Dès que la situation devient réellement complexe, il faudrait appeler l’Etat. Tout peut s’arranger, puisque l ‘état peut tout racheter. Lui seul peut effectivement emprunter dans les proportions considérables, pour gommer la catastrophe. L’état s’il n’a pas le pouvoir sur les initiatives individuelles , a au moins les cordons de la bourse. L’étatiste pose comme postulat que la puissance publique détient la juste mesure de l’intérêt général : l’individu, le pauvre citoyen, trop égocentré, n’est pas capable de diagnostic global. Seul l’état aurait la capacité de lire les enjeux. Pour l’étatiste la justesse d’analyse lui est promise, puisqu’il agît au nom de la collectivité. Il ne commet pas d’erreur. Ainsi Roseline Bachelot court les plateaux et se dit enfin réhabilitée, en omettant de préciser qu’elle a été la seule à prendre tous les parapluies à la fois, et à interdire aux médecins de vacciner ! L’étatiste inverse la hiérarchie d’utilité sociale. Il place l’état bien avant l’entreprise ; il ne sait plus voir que l’impôt, sans lequel il est nu, provient exclusivement de l’entreprise et des salaires qu’elle verse pour pouvoir produire. Pas d’impôts pas d’état : pas d ‘entreprises pas d’impôts. pas de créateurs d’entreprises…que des pauvres. L’ indépendant étant à lui seul le patron et le salarié de son business. L’étatiste se perche sur une tribune, dont il ne veut plus voir les fondations. Si le covid-19 plombe les entreprises, comment l’état ne serait-il pas lui même plombé ? L’état peut même précipiter la ruine, au nom de ses propres terreurs. L’étatiste finit toujours par se persuader qu’il fera plier la réalité. mais la réalité n’est pas pliable. Si vous lui expliquez que plus il y a d’état, moins il y a de performances, il vous toise de haut. La sur administration engendre la sous-productivité. Elle va encore augmenter, puisqu’aucun fonctionnaire ne perdant son boulot, le taux d’emploi public va encore augmenter. Les postiers et bien d’autres qui se confinent, confinent le service public, mais ils ne seront jamais licenciés et ont donc le beurre et l’argent du beurre. En période de crise violente la procédure est le contraire de la réactivité, or c’est justement ce que respecte le fonctionnaire en priorité. La norme peut tuer. Le professeur Raoult aura réussi à démontrer les limites dramatiques de l’étatisme. Il ne faut jamais oublier une donnée fondamentale : les effectifs de l ‘état sont très majoritairement composés de personnes qui ont choisi d ‘écarter définitivement l’incertitude et le risque. Il ne s’agît ici nullement d’intelligence ou même de bonne volonté. Enfin comment imaginer qu’un pays qui dissimule son inefficacité chronique, sous une montagne de dettes puisse tout à coup devenir performant ? Il est clair que c’est en Allemagne que les chances d’en réchapper sont les plus élevées, si vous êtes touchés par le coronavirus. Pourquoi ? Parce qu’is ont le moins d’état et qu’ils n’ont pas assèché le pluralisme conceptuel et organisationnel.

Cette crise fera remonter à la surface bien plus que des exigences de moyens et d »indépendance sanitaire, elle montrera l’incapacité de l’intelligence étatique à poser correctement les problèmes, et l’iniquité criante entre public et privé. Encore une fois nous nous en sortirons grâce à l’initiative privée : chaque jour qui passe témoigne de son efficacité et de son utilité. Plus il y a d’état, plus notre risque augmente.

Prendre de la distance… .

A diffuser sans modération…