Nous sommes entrés dans l’oeil du nuage. Chat gpt est là, nouvelle application grand public qui préfigure l’explosion de l’intelligence artificielle dans notre vie quotidienne. 200 millions de chargements en 5 mois. Très vite, elle sera prolongée par d’autres, plus spécialisées et plus puissantes encore.

L’intelligence artificielle, celle sur laquelle repose Chatgpt – generative pro-trained transformer – va représenter un bond gigantesque, et donc dégoupiller nos manières de faire. Ça va tanguer ! Pourquoi ce tsunami de force X ? Parce que ce langage conversationnel donnera accès à toutes les data disponibles dans le monde, sous une forme rédactionnelle explicite. Ce qui renverse complètement la table, toutes les tables.

Tout ce que l’homme a accumulé comme connaissances, se trouve aujourd’hui quasiment numérisé. Nous sommes passés de l’encyclopédie à l’UNIVERSAIRE, néologisme que j’invente pour exprimer la disponibilité instantanée de toute la connaissance. Ce qui va dynamiter le rapport entre le sachant et l’ignorant.

Mais revenons d’abord à ce qui s’est passé avant, au cours des siècles. Depuis que les religions ont perdu peu à peu leur pouvoir absolu sur l’explication du monde. Le stock de connaissances des humains a progressé lentement pendant des siècles . Durant lesquels, ce sont les religions qui répondaient, avec assurance à l’inexplicable. Soit avec du polythéisme, puis avec du monothéisme pour les chrétiens. Les dogmes donnaient la mesure. Celui qui sortait ducredo risquait gros.

Puis ce stock de connaissances a progressé de plus en plus vite. Le siècle des lumières a été un tournant décisif, car en se libérant de l’inquisiteur contrôle religieux, des groupes et communautés ont fat émerger les principes scientifiques, qui disent que la raison s’appuie sur l’expérimentation. On démontre que l’hypothèse émise est juste.

Les temps modernes sont ceux qui ont fait fondre le stock d’inexplicable. Et ce de manière implacable. Le télescope James Webb placé à 1,5 million de kilomètres de la terre va décupler les données sur lesquelles travaillent les astrophysiciens. Et donc infirmer ou confirmer leurs rhypothèses. La science dit ce qui est acquis et vise ce qui ne l’est pas encore.

Les croyances, d’où qu’elles viennent, sont incompatibles avec le principe d’hypothèses. Elles disent, depuis leur émergence, qu’elles détiennent l’explication. Au passage je note que les croyants restent assez obnubilés par l’idée de la preuve. En 2022, le livre « Dieu, la science, les preuves », est à lui seul révélateur de cette quête angoissée. Rêver d’une preuve, enfin.

Revenons maintenant à ce que va faire l’intelligence artificielle, type Chatgpt : elle va puiser dans le stock de connaissances numérisées, et aller chercher tout ce qui se rapporte à votre question. Et ce à la vitesse de la lumière. Puis elle met en forme une réponse. Pour imager, disons que le stock de connaissances disponibles était de l’ordre d’un tonneau avant la période des lumières, et qu’il dépasse aujourd’hui le volume de l’océan pacifique. Et cette connaissance, jadis réservée à l’instruit, au cultivé au lettré, sera disponible pour 8 millards d’êtres humains, dont les enfants.

L’IA est désormais capable de réussir tous les examens de l’enseignement supérieur partout dans le monde, car l’arborescence de ses recherches, part de l’immensité pour arriver au goutte à goutte, mis en forme de manière intelligible en 3 minutes.

Les effets économiques ne peuvent pas être anticipés réellement car nous sommes en phase d’ingestion. Comme toujours, les plus réactifs, les plus rapides vont intégrer l’outil.

Les effets sociétaux seront multi directionnels. L’aide soignante sera cependant moins impactée que le comptable , le clerc de notaire, ou le pigiste. Les esprits les mieux formés, les plus vifs sauront naturellement user de l’IA pour l’améliorer ou la débrancher. D’un pays à l’autre, l’épigénétique culturelle en fera un épouvantail ou un vitamineur d’apprentissages multiples.

Les frileux, les chafouins et les religieux y verront l’intention semi-maléfique. Attribuer de l’intention à la nature comme à la machine est une ruse conceptuelle classique pour ceux qui veulent conserver à tout prix l’influence qu’ils exercent sur les autres. La méconnaissance sert toujours le gourou.

En face de l’innovation la courbe des réactions suit une forme de cloche qui va du précurseur hystérique au réfractaire déprimé. Nous avons déjà oublié nos réactions quasi-comiques quand le smartphone est apparu. En la matière, l’axiome juste est celui ci : ne demandez pas aux gens ce qu’ils veulent, offrez leur ce qu’ils espèrent.

Passons ensuite au stade de la prospective. Oui le monde va être brassé. Parce que des tâches ordinaires ne vont plus être exécutées par des individus. Or qui est le plus gros producteur de tâches ordinaires : c’est l’état. C’est l’état qui règlemente, norme, contrôle, vérifie, sur un territoire délimité par la frontière. Et fait peser sur une nation son coût de fonctionnement de plus en plus pesant. A terme, le postulat deviendra, quel est le pays le plus intelligent pour réduire le coût de gestion collective au plancher minimal ? L’IA va permettre de créer des matrices comparatives très sophistiquées qui vont analyser les effets des options politiques avec une acuité cinglante. La réponse pourrait être : l’état le plus intelligent est un hybride d’état sud-coréen-irlandais-danois-australien.

Aujourd’hui ce qui génère la complexité, c’est l’intrication invisible. Tout agît sur tout. Si le timbre disparaît, quels effets ? Si je récupère mon lanceur de fusées, quels effets ? L’IA restera cependant inactive en terme de conscience. L’électro-encéphalogramme restera plat, même si la surpuissance de calcul lui permettra de s’auto enseigner. L’illusion de l’intelligence cérébrale sera troublante, mais… l’homme gardera le joker.

L’ IA ne déprécie pas l’homme – son père – mais elle fait pleinement prendre conscience que du premier silex à l’ordinateur quantique, cette étape là résulte des 300.000 autres qui l’ont précédée durant 300.000 ans. Le continuum n’a qu’une position : on. Concevoir Khéops- 4.500 ans – en Egypte, ou concevoir chatgpt en 2022 en Californie, procède d’une même irrigation conceptuelle, rendue possible par la connaissance des générations antérieures, fruit de l’inventivité naturelle et irrépressible.

L’IA va être un levier de simplicité, car en se chargeant de la tépétitivité mécanique des tâches, elle va libérer beaucoup de temps pour up grader le contenu des jobs. L’IA sera un outil pour contrer les usines à gaz conceptuelles qui entravent les initiatives et les libertés.

La France, tout du moins ceux qui la camisolent dans la complexité, est le pays qui a le plus à craindre de l’IA.

Une fois encore nous organiserons des colloques pour nous désoler de la suprématie californienne, sans rien modifier de ce qui fait notre immobilisme. Si vous trouvez un expert qui ose établir un rapport entre chatgpt et nos 3.000 millards de dettes, alors vous venez d’avoir un flash nucléaire de lucidité.

Interrogez chatgpt pour savoir ce qu’il répond quand on écrit « start up nation »….

Ne pas diffuser aux grincheux…

Nota ; ce billet sera périmé avant l’automne.