En 2023, le territoire français ne changera pas, sauf cataclysme inattendu. L’histoire de nos relations entre peuplades voisines a ainsi abouti à fronièriser l’espace géographique. Là c’est chez vous, ici c’est chez nous.
Cette appropriation sera ma première question de l’année : le concept de territoire est-il encore le plus pertinent pour tendre vers le bénéfice collectif le plus large possible ? Le partage des bonnes pratiques.
Exemple concret tout récent : le Brexit a pu réussir parce que l’intégration territoriale de l ‘Europe n’a jamais été envisagée. Or, fondamentalement qu’est ce qui différencie la vie quotidienne des citoyens européens ? Pas grand chose en réalité, si ce n’est qu’ils ont dans le passé emprunté divers chemins pour atteindre cette ressemblance commune. La vie quotidienne d’un hollandais, d’un irlandais, d’un autrichien, d’un français, ou d’un portugais ne sont-elles pas farouchement semblables ?
Le facteur qui crée cette supra-similitude est simplement celui de la transversalité des bonnes idées et des bonnes pratiques. Le smartphone est devenul’objet universel, car il est né d’ une bonne idée, comme la démocratie avant lui. L’autocrature à la russe ou à la turque, comme la censure, sont de mauvaises manières. Tout le monde le ressent. Personne n’émigre vers une dictature.
Malgré le Brexit,la ville de Londres est pourtant mieux gérée que Paris, car la simplification est un principe moteur du raisonnement british. Les bus fonctionnent car il y a 5 ou 6 entreprises privées à contrat déterminé, et non pas une régie monopolistique à vie.
4.000 communes au Royaume uni pour 34.000 chez nous. soit 8 fois plus, pour quel bénéfice ?
En fait, nous citoyens européens, nous butons sur les mauvaises manières de faire qui sont protégées par la territorialité. Si Copenhague est bien mieux administrée que Paris, aucune chance qu’un parisien n’en profite, toujours à cause de la territorialité, et du droit local.
L’intérêt du citoyen serait bien plus de désigner les trois villes les mieux gérées en Europe, pour que le modèle soit dupliqué par les autres. A quoi sert de redécouvrir la lune pour un millier de grandes villes européennes. La territorialité protège aussi la médiocrité, puisqu’elle s’oppose de plein droit aux exportations des bonnes pratiques. Il n’y pas 100 manières de concevoir une piste cyclable, ou un passage piéton pour non voyants. Ce qui est bien conçu doit bénéficier au plus grand nombre.
La gestion de l’épidémie de coronavirus a fait apparaître qu’il n’y avait pas 27 façons de gérer cette pandémie, et que plusieurs gouvernements ont pris de meilleures décisions si on intègre le coût financier, et la réactivité.
Il est clair que les occidentaux savent distinguer les bonnes manières de faire. L’exemple magistral du site Sncf connect, fait le bonheur de Trainline qui capte peu à peu tout le business européen des réservations, et à la limite souhaite que la Sncf patauge encore longtemps.
Dans un monde ouvert la territorialité est devenue un frein, car d’un pays à l’autre elle perpétue des manières de faire inadaptées, mal conçues, ou tout simplement idiotes.
Le monde contemporain n’accepte plus de se soumettre au monopole d’une manière de faire qui entraîne trop de conséquences, économiques, sociétales et financières. Aucun des politiques n’a encore compris qu’ils sont protégés par la territorialité qui leur permet de ne pas être challengés par le meilleur de l’intelligence transversale. Laisser à chaque collectivité publique le privilège de tout décider sur un territoire, c’est l’assurance de perpétuer des manières de faire inefficaces.
La France n’est pas rétive à la réforme, non pas parce que les français n’en veulent pas, mais parce que la territorialité autorise les politiques du sommet à ne pas bouger, avec un argument fallacieux : les français ne sont pas prêts . Tu parles, Charles !
On pourrait aussi se poser une deuxième question encore plus stratégique à propos des gisements de ressources. Au plan du droit international, le territoire, frontièrisé, détermine la propriété de ce que contient le sous-sol. Du pétrole, ici, du gaz plus loin, des terres rares là bas. Le pétrole enfoui dans le sous-sol du moyen-orient, ne prend de réel intérêt qu’à partir du moment où l’invention du moteur à explosion génère une révolution automobile, qui bouleverse le temps de transport. Le silicium qui conduit aux puces électroniques, conduit au smartphone qui réinvente l’architecture et l’arborescence des communications.
Les gisements de ressources n’ont en soi aucune valeur, tant que l’intelligence de la recherche n’a pas découvert quel pourrait être leur meilleur usage.
Il La corrida d’ aujourd’hui place les Gafam au centre de l’arène. Faîtes entrer les picadors ! Et tout le monde de s’interroger pourquoi aucune ne s’est développée depuis la France et l’Europe ? la réponse est pourtant limpide : l’incubation est ralentie ou bloquée par les mauvaises pratiques que la territorialité protège de plein droit. Chez nous, Monsieur, c’est comme ça. Le succès universel de ces entreprises démontre que ce qui est mieux pensé est tout simplement adopté par des citoyens du monde qui savent quels bénéfices ils tirent instantanément de l’innovation conceptuelle.
Low cost, so what ?
La puissance transversale, transfrontalière de ces entreprises est fondé sur un socle simple : c’est bien, je prends, j’achète, j’utilise. Et je laisse le débat aux activistes de l’accusation.
Si Stellantis, Volkwagen ou Toyota ont une vision globale de ce qui fait l’attractivité d’un produit ou d’un concept, ils intègrent des données réelles en permanence qui proviennent du monde entier. Ils s’adaptent à ce qui est, plutôt qu’à ce qui devrait être. Lorsque le boss d’une entreprise mondialisée choisit d’allouer un budget très important à un axe de recherche, il peut en fait atteindre un résultat dix fois supérieur à 10 ans de conférences COP. Les bonnes idées ne sont jamais précédées par une conférence mondiale pour savoir si elles sont bonnes.
Ma première conclusion de l’année est de flècher l’écart phénoménal entre la pensée des actifs et la pensée des statiques. Les statiques ne produisent que très peu de valeur ajoutée, surtout des injonctions et ils enragent de voir que les actifs sont en réalité ceux qui produisent ce qui améliore et le niveau de vie et les gains d’espérance de vie.
La mise en cause de la territorialité bouscule l’ordre établi, c’est évident.
Heureusement, le territoire de la pensée , active et réactive, ne peut pas être frontièrisé, ce qui permet d’introduire assez de désordre conceptuel pour déboucher au final sur un bénéfice global, au sens planétaire.
Commentaires récents