On dit que les démocraties souffrent. Je parle des vraies démocraties. Pas de celles qui ont adopté le suffrage universel, pour faire semblant d’être des démocraties. Bonjour les vieilles ficelles et les manipulations.

L’électeur d’une démocratie véritable croît sincèrement que celui auquel il délègue son pouvoir de faire, va réellement s’en servir. Et surtout s’en servir vite. Là est le hiatus : l’élu devient schizophrène. Il a voulu le pouvoir, mais il pète de trouille de s’en servir. Si un électeur le prend à partie sur le marché le samedi matin, il en déduit que le pays est au bord de l’insurrection. Agir n’est pas sa culture : il a tant de considération à perdre.

L’entreprise politique vit sur un tempo qui n’existe plus : le temps du mandat n’est plus celui auquel se réfère l’électeur. Le temps perdu à ne pas se tromper est devenu insupportable. Et cela l’est d’autant plus qu’avant l’élection, le prétendant a dit qu’il savait par coeur ce qu’il faut faire. Aucune entreprise privée ne sait ce qu’est un temps de mandat. Si elle ne réagît pas dans le vrai temps, elle décline et plonge. Le consommateur/client ne lui laisse aucun répit. Un PDG de groupe est débarqué par son conseil d’administration en une heure. Nous avons gardé Guillaume Pepy durant 20 ans et la mentalité de la SNCF s’est largement agrippée sur la coque de l’énorme  » immoarchaïsme ». Personne ne le sait, mais les cadres supérieurs et dirigeants de la SNCF ont aussi leur syndicat !

Les politiques n’osent pas admettre qu’ils doivent à leurs électeurs la même réactivité, qu’une entreprise doit à ses clients. Le dégagisme se nourrit de cette confusion tragique entre le temps réel et le temps politique, Celui ci s’est calé sur la petite aiguille des heures perdues, alors que le temps civil est calé sur celle des minutes gagnées.

Ceux qui ont l’assurance du temps garanti glissent irrémédiablement vers la médiocrité, même s’ils demeurent intellectuellement qualifiés.

L’immobilisme des horloges publiques est la cause profonde du ressentiment général. Cela fait et fera crever la démocratie.

A diffuser sans modération…